Spoliation foncière à la Briqueterie Est 4 pour ” Carrefour ” : Les populations victimes réclament leurs indemnisations

“Vendredi 10 juillet 2020, sous le fallacieux prétexte de construction d’une route, les autorités administratives et policières de Yaoundé au rang desquelles le préfet du Mfoundi, le sous-préfet de Yaoundé 2 et le commissaire du Commissariat central n°1 , accompagnées des Forces de Maintien de l’Ordre (FMO), ont procédé à la destruction des installations provisoires sur le site destiné à la construction du nouveau super marché de l’entreprise française ” Carrefour ” sis à la Briqueterie Est face Palais Polyvalent des Sports”.

 

 

Au Commencement, dans le souci d’embellir l’image de la ville, la Communauté Urbaine de Yaoundé va procéder à la casse des zones vulnérables. C’est le cas, en 2008, du rasage complet de plusieurs de ces quartiers.

L’espace à l’origine de ce litige a connu le même sort. Sans dédommagement aucun, des familles propriétaires de l’espace querellé pourtant titulaires des titres fonciers n°253, 254 et 748 datant de 1954 ont été cassées. De sources concordantes, après leur déguerpissement, le terrain aurait été proposé et vendu à des particuliers pour le développement des activité commerciales.

 

Dès lors, ils sont à la merci des persécutions et pressions visant la spoliation de cette propriété privée héritage légué par leurs aïeuls. Ignace Eric Atangana représentant des familles victimes dénonce ces persécutions en ces mots : « nous sommes victime de persécution depuis 2008. Cet espace a été rasé par les engins de la communauté urbaine depuis lors nous subissons des harcèlements sans précédent ».

Les pourparlers engagés par Carrefour
Ayant été informé que la parcelle sur laquelle elle sollicitait s’établir était une propriété privée, l’entreprise française Carrefour a trouvé judicieux de se rapprocher des propriétaires.

Ignace Eric Atangana représentant des familles propriétaires des titre fonciers reconnait cette démarche. Il affirme : « En 2015, les représentants de Carrefour nous ont contactés. Intéressés par l’espace querellé, nous leurs avons présenté les documents officiels prouvant notre légitimité sur cet espace. Ils ont engagé des pourparlers avec nous. Puis un jour, ils se sont rétractés ».

 

 

Curieusement, quelques temps après, une note du sous-préfet de Yaoundé 2 interdit l’accès à cet espace aux familles bien qu’ayant des titres fonciers. Cette décision a fait beaucoup de remous, avec l’arrêt des activités sportives qui se sont développées dans cet espace. En effet, ce site abritait des terrains de football exploités par les civiles, militaires et policiers. Toutes ces installations sportives ont été démantelées. Selon certaines indiscrétions, le Ministre SGPR Ferdinand Ngoh Ngoh se serait saisi du dossier prenant la main sur les négociations avec les responsables de Carrefour.

La goutte d’eau qui déborde le vase
Par une notification non officielle, Ignace Eric Atangana a reçu, le décret n° 2016/5159/PM du 14 Novembre 2016 portant expropriation pour cause d’utilité publique et incorporation au domaine privé de l’Etat des terrains d’une superficie de 7 ha 46a 42ca nécessaires aux travaux de constitution des réserves foncières au lieu-dit “Ekoudou” dans l’Arrondissement de Yaoundé II, Département du Mfoundi. Et indemnisation des personnes victimes de perte de droits fonciers.

A la lecture dudit décret par les concernés, il a été remarqué qu’il a été signé contrairement aux dispositifs légaux en vigueur. Pour riposter face à cette violation fragrante de la loi et de leurs droits, « nous avons officiellement saisi le tribunal administratif depuis 2017 pour statuer sur un décret sujet à caution qui a été signé contrairement aux dispositifs légaux en vigueur », souligne Ignace Eric Atangana.

 

 

Alors que l’affaire est pendante au tribunal contre toute attente, le préfet du Mfoudi, sous haute escorte, a effectué une descente pour annoncer la construction future d’une route. Une semaine après, le sous-préfet de Yaoundé 2, accompagné d’une escouade des FMO, responsables de société en charge de la construction de la route et d’une équipe de géomètres, ont fait un véritable passage en force pour mettre les balises y compris les croix sur certaines maisons. Surpris, « nous avons demandé des explications » souligne le chef.

De même, vendredi 10 juillet, une escouade de policiers dirigée par le commissaire Central n°1 a favorisé un passage en force marquant le début des travaux de la route avec pour corollaire la destruction des magasins en matériau provisoire et d’une clôture mitoyenne. Pour ainsi apaiser les victimes le commissaire a évoqué l’hypothèse d’une éventuelle indemnisation. Dans l’optique de faire face à cette violation, les familles impliquées ont érigé barricades et pancartes manifestant leur opposition à la poursuite des travaux sans garanties de dédommagement.

 

 

La non concordance entre le décret et la construction de la route

Du décret n° 2016/5159/PM du 14 Novembre 2016, il se dégage que, premièrement, il n’évoque pas la construction d’une route à cet endroit; deuxièmement, le site concerné a entièrement été circonscrit par les terrassements visibles et est occupé par deux sociétés privées dont l’une est officiellement reconnue comme jouissant d’un bail emphytéotique attribué par le même décret. L’autre occupe aujourd’hui illégalement l’autre partie sans titre ni droit.

Ignace Eric Atangana exprime ses craintes en ces propos : « nous sommes victime de ces casses à répétition sans indemnisations depuis 2008. Jusqu’ici, nous sommes dans le flou total. Nous voulons savoir qui est le maître d’ouvrage de cette route. Habituellement, quand des travaux sont réalisés par l’Etat, une plaque référentielle est toujours érigée. Mais, tel n’est pas le cas. Nous constatons que c’est manifestement l’œuvre d’un particulier. Nous avons érigé ces barricades pour qu’on nous montre les papiers officiels autorisant la construction de la route. La route étant gage de développement, nous ne la refusons pas, mais nous voulons être sûr que nous serons indemnisés ».

Il faut rappeler que l’espace actuellement querellé pour la construction de la route met en cause d’autres titres fonciers qui n’existent pas dans le décret le décret n° 2016/5159/PM du 14 Novembre 2016 portant expropriation pour cause d’utilité publique et incorporation au domaine privé de l’Etat.

 

© La Voix Des Décideurs

 

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