NEW YORK , USA , Le 14 Février 2022 -/AMA/- A l’ère des nouvelles technologies et des médias sociaux, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a annoncé récemment la désignation de nouvelles fréquences FM pour la radio en Afrique.

Une élève de neuvième année suit ses cours à la radio au Mali.

© UNICEF/Seyba KeïtaUne élève de neuvième année suit ses cours à la radio au Mali.

A l’ère des nouvelles technologies et des médias sociaux, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a annoncé récemment la désignation de nouvelles fréquences FM pour la radio en Afrique.

Pour mieux comprendre cette décision et à l’occasion de la Journée mondiale de la radio, placée sous le thème « La radio et la confiance » cette année, ONU Info a joint le Directeur de la radiocommunication de l’UIT, Mario Maniewicz.

Nous lui avons tout d’abord demandé quelle est l’importance de la radio en Afrique aujourd’hui ? 

Mario Maniewicz : En Afrique, la radio règne toujours en maître sur les autres formes de médias de masse. La radio est un moyen puissant pour célébrer l’humanité dans toute sa diversité et constitue une plateforme pour le discours démocratique. Au niveau mondial, la radio reste le média le plus largement consommé. Cette capacité unique à toucher le plus grand nombre de personnes signifie que la radio peut façonner l’expérience de la diversité dans une société, et qu’elle constitue une arène où toutes les voix peuvent s’exprimer, être représentées et entendues.

En outre, la radio aide ses auditeurs à se sentir moins isolés et plus connectés à leur communauté. En cas d’urgence et de catastrophe, la radiodiffusion est l’un des moyens les plus puissants et les plus efficaces de diffuser des alertes rapides.

Des informations opportunes, pertinentes et pratiques soutiennent des mesures de réponse efficaces et sauvent des vies. Pour les personnes directement touchées, elle constitue une forme vitale d’aide humanitaire. Comme nous l’avons vu pendant la pandémie de Covid-19, la radio a permis aux gens de rester en contact, d’assurer la continuité de l’apprentissage, de lutter contre la désinformation et de diffuser des informations sanitaires essentielles.

ONU Info : Alors, quel va être l’apport de ces nouvelles fréquences, quelle est leur importance ?  

Mario Maniewicz : Au fil des années, nous avons constaté une augmentation constante de la demande de radiodiffusion de qualité en Afrique. Cette augmentation se traduit également par une pression sur les fréquences radio disponibles, en particulier pour la radiodiffusion en FM. Au cours des deux dernières années, l’UIT, en collaboration avec l’Union africaine des télécommunications et des experts en radiocommunications, a travaillé sur un projet visant à identifier de nouvelles fréquences qui faciliteraient l’expansion des services de radiodiffusion FM sur le continent.

Nous avons pu identifier plus de 18.000 assignations de fréquences qui peuvent désormais être utilisées pour la radiodiffusion FM en Afrique sans causer ou recevoir d’interférences nuisibles. La réussite de ce projet contribue à assurer la viabilité à long terme de la radiodiffusion africaine et ouvre la voie à l’introduction de la radiodiffusion sonore numérique en Afrique.Un jeune journaliste de Tombouctou présente le journal du soir sur la radio Jamana à Koulikoro, au Mali.© UNICEF/Seyba KeïtaUn jeune journaliste de Tombouctou présente le journal du soir sur la radio Jamana à Koulikoro, au Mali.

Mario Maniewicz : Oui, avant cela, lassez-moi vous rappeler que cette année marque le 127ème anniversaire de la première transmission radio effectuée par Guglielmo Marconi en 1895 sur l’île de Wight, qui a abouti à la signature de la Convention radiotélégraphique internationale en 1906.

Tout au long de cette période, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a joué un rôle central dans le développement de ce moyen de communication dans le monde entier, en établissant et en mettant à jour des réglementations internationales sur l’utilisation du spectre des fréquences radioélectriques et des orbites des satellites. Ces réglementations prescrivent également le mode de fonctionnement des équipements et des systèmes radio afin d’assurer une coexistence fiable entre les services radio de différentes administrations et de permettre l’utilisation la plus efficace possible des ondes de plus en plus encombrées.

La radio n’a donc rien perdu de sa vigueur et, à l’UIT, nous continuerons à jouer le rôle de gardien des ondes mondiales, en veillant à ce que nous puissions nous connecter de manière sûre, durable et innovante pendant les siècles à venir. Accessible et abordable, la radio peut toucher pratiquement tout le monde, partout. Parmi ses fidèles auditeurs, on trouve des habitants des grandes villes, des petites villes et des villages, des communautés rurales, et même des personnes vivant dans les endroits les plus isolés de la planète.

La confiance que les gens accordent à la radio est due en partie à son faible coût et à son omniprésence. La radio reste abordable et peut être écoutée partout, même lorsque l’électricité ou la connectivité internet ne sont pas fiables. La radio est donc l’un des moyens de communication les plus populaires, utilisé par une écrasante majorité de personnes.

Et à mon avis, le slogan que j’ai toujours dit, reste toujours valable : la radio ne laisse personne de côté.

Anciennes radios exposées au Chihuly Glass Museum, à Seattle, aux États-Unis.Unsplash/Rod FloresAnciennes radios exposées au Chihuly Glass Museum, à Seattle, aux États-Unis.

ONU Info : Est-ce que vous voyez la diffusion radiophonique traditionnelle par fréquence devenir obsolète et quelque part avoir une possibilité de laisser les gens pour compte justement ?

 

 

Mario Maniewicz : Je pense qu’il aura toujours de la place pour la radio diffusée sur les ondes. Même si de plus en plus de personnes se connectent avec les autres plateformes numériques, ou en ligne, il y toujours des gens qui soit ils ne sont pas connectés, soit ils n’ont pas d’électricité, soit ils sont dans des endroits isolés ou ces technologies ne sont pas faciles d’accès, ou soit ils manquent de moyens économiques pour utiliser cette autre plateforme.

Donc je pense que la radio diffusée sur les ondes va être toujours populaire. En commençant parce que c’est complètement gratuit. C’est le seul de tous ces moyens qui est complètement gratuit. Pour les autres, il faut payer la connectivité, il faut payer des équipements spéciaux, mais ici non. Ici c’est gratuit. Un simple récepteur radio, qui est l’appareil le plus économique, suffit.

Donc je pense qu’il aura toujours de la place pour ça peut être pas dans les pays développés, ou dans les grandes villes mais dans les pays en développement, dans les zones rurales, plus isolées, où les gens n’ont pas des niveaux de vies très élevés, ça va être toujours le moyen plus répandu.

ONU Info : Quelles sont les nouvelles voies à suivre pour la radio à l’ère des nouvelles technologies de communication ? Est-ce qu’il y a d’autres façons de diffuser ?

Mario Maniewicz (UIT) : Tout à fait. Laissez-moi dire qu’avant même d’être intégrée au système des Nations Unies, l’UIT a été la première à introduire des technologies radio innovantes pour mieux servir les radiodiffuseurs et leur public.

L’UIT a notamment soutenu la transition mondiale des systèmes radio analogiques aux systèmes radio numériques.

Aujourd’hui, les radiodiffuseurs sont à la recherche de nouvelles solutions techniques y compris l’utilisation de plateformes numériques et en ligne, sans pour autant faire de compromis sur des principes essentiels tels que la haute qualité, la disponibilité universelle et la rentabilité.

 

 

En outre, si les conditions techniques, réglementaires et commerciales adéquates sont réunies, les réseaux mobiles de cinquième génération (5G) récemment dévoilés pourraient être en mesure de répondre à bon nombre de ces exigences. En tant que technologie polyvalente, la 5G peut être déployée de nombreuses façons, de l’unicast mobile au multicast en passant par la diffusion.

C’est important de noter qu’il y a plus de 200 millions de francophones dans le monde et il y en a plus de 120 millions en Afrique et 90% de ces personnes utilisent la radio de façon continue ou de façon occasionnelle. Donc évidemment on a un public énorme a travers le monde, y compris en français.

En tant que Casque bleue civile, ce que préfére Merveille, 29 ans, c'est d'être sur le terrain et de se sentir proche des gens. Son devoir en tant que journaliste et productrice pour la radio GuiraFM est d'éduquer les auditeurs sur les questions importantes, dont la Covid-19.MINUSCAEn tant que Casque bleue civile, ce que préfére Merveille, 29 ans, c’est d’être sur le terrain et de se sentir proche des gens. Son devoir en tant que journaliste et productrice pour la radio GuiraFM est d’éduquer les auditeurs sur les questions importantes, dont la Covid-19.

ONU Info : Vous avez évoqué la confiance que les gens ont dans la radio et le fait que c’est une plateforme pour la démocratie. Pouvez-vous revenir sur ce rapport de confiance qu’ont les gens envers la radio ?

 

 

Mario Maniewicz : On est dans un monde où les fausses nouvelles sont répandues partout et causent des dommages à tout le monde mais la plateforme par excellence pour ce genre de choses, ce sont les réseaux sociaux. Parce que dans les réseaux sociaux, on n’a pas la responsabilité individuelle. Les gens peuvent poster ce qu’ils veulent sans être responsables de ce qu’ils postent.

Par contre, la radio, il y a toujours un responsable de l’émission radio qu’on est en train d’écouter. C’est pour ça que je pense que la radio diffusée est plus fiable pour les gens que les autres plateformes en ligne.

J’ai mentionné la démocratie parce que, normalement, les stations radio donnent de la place à tout le monde pour s’exprimer, à toutes les couleurs politiques et à tous les acteurs de la communauté. C’est un outil universel pour communiquer et pour s’exprimer.

ONU Info : On a quand même vu des exemples de radios qui sont biaisées et qui donnent une seule information, voire des fausses informations. Alors, comment faire la différence ?

Mario Maniewicz : Je pense que la différence est que la radio est plus transparente. On sait bien la nature de la station qu’on écoute. Donc ces radios existent quand même, mais on les connaît parfaitement. Les gens qui se connectent qui veulent entendre ce genre d’émission, ils savent ce qu’ils sont en train d’entendre. Mais sur les réseaux sociaux, on ne sait pas nécessairement qui est la personne qui diffuse les fausses nouvelles, donc c’est plus compliqué et cela induit en erreur plus facilement, à mon avis.

ONU Info : Avez-vous un dernier message à l’occasion de la Journée de la radio ?

Mario Maniewicz : Mon message c’est de profiter de ce moyen, de ce médium, qui est le médium universel par excellence et de défendre ce médium.

Parce qu’elle est toujours sous l’attaque des nouvelles technologies. Pas parce qu’elles font de la concurrence — ça ce n’est pas un problème– mais parce que la disponibilité des ondes radioélectriques pour la radio est de plus en plus disputée par d’autres services. Je pense que c’est important pour les gouvernements et les régulateurs des pays de défendre les ondes qui sont assignées à la radio. Et justement, en passant par la radio numérique, on économise du spectre et on peut donc aboutir à libérer plus de spectres sans tuer la radio.

Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.

Source : African Media Agency (AMA)

 

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