Financement des grands projets : Yaoundé pris au piège de Pékin

► En juin 2018, Eximbank, la banque d’import-export chinoise avait suspendu les décaissements de fonds au profit du Cameroun. Elle reprochait au gouvernement camerounais le non-respect de certaines clauses contractuelles.

Le Président camerounais et son homologue chinois ( Source photo : Prc.cm)
Le Président camerounais et son homologue chinois ( Source photo : Prc.cm)

Jusqu’au 21 janvier 2019, le Cameroun n’avait pas toujours réglé le principal et les intérêts courus chiffrés à 64 milliards de francs CFA, malgré les sommations du créancier chinois. Dans la foulée, la société CHEC, qui a préfinancé la contrepartie du Cameroun pour la construction de l’autoroute Kribi-Lolabé, à hauteur d’environ 38,6 milliards de francs CFA, faisait pression pour participer à sa gestion.

 

 

 

S’agissant du Projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, Eximbank exigeait le paiement de la portion congrue de la contrepartie camerounaise, relativement aux décomptes présentés par l’entreprise CFHEG, évalués à près de 3 milliards de francs CFA. Au Projet de construction du port en eau profonde de Kribi (phase II), l’accord sur le mécanisme de remboursement des prêts contractés pour la construction de cette infrastructure, conclu entre le Minepat et le Port autonome de Kribi, ne semblait pas au goût d’Eximbank.

En tout cas, l’institution financière chinoise avait retourné, sans signature et sans motif, les trois exemplaires dudit document à lui envoyés par le gouvernement camerounais. En clair, il s’agissait d’une manœuvre bien huilée du bailleur chinois.

Pour contenir la pression, des experts du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) avaient, en ces temps-là, proposé que le Cameroun songe à financer ses infrastructures contre l’exploitation des ressources naturelles. Une option qui devrait contribuer à faire davantage de la Chine un prédateur, plutôt qu’un investisseur.

 

 

« Le stratagème consiste à financer (sans compter et sans se soucier de leur rentabilité et donc de leur capacité à générer des fonds capables d’assurer le service de la dette) des projets souvent surfacturés avec pour seule exigence qu’ils soient réalisés par des entreprises chinoises. Une fois que les difficultés de remboursement du crédit se présentent, il manœuvre pour obtenir des concessions sur l’infrastructure réalisée, des terres ou des matières premières », explique l’internationaliste Daniel Nkomba.

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Il ajoute : « Les nouveaux modes de financement envisagés sont des alternatives à un éventuel assujettissement économique par la dette. Cependant, il faut relever que pour les PPP et les BOT, les coûts globaux sont souvent plus élevés, en raison du transfert de l’essentiel des risques au concessionnaire. Le gouvernement peut être amené à accorder des exemptions fiscales et douanières, lorsque le flux de trésorerie de l’exploitation de la société en charge du projet ne couvre pas l’ensemble des charges ».

 

© Ahmed Abdoul Kader ►
La Voix Des Décideurs

 

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