Station Africa Petroleum Cité-Sic Douala :  Un danger à mettre hors-service

[ En plein cœur de la capitale économique du Cameroun, la Station-service Africa  Petroleum, loin du respect de la création d’un tel distributeur de produit pétrolier, offre boutique, café, bar, restaurant et appartements en un seul point. ]

 

La Voix Des Décideurs  – Il est vendredi 18 h, lorsque nous nous rendons sur les lieux de distribution de produits pétroliers, au lieu-dit Cité-Sic dans la ville de Douala, région du littoral camerounais. Grande est notre surprise de constater que le chauffeur de taxi-moto carbure dans une station en plein milieu d’un édifice d’hébergement et d’une buvette.

Assis dans un espace bien aménagé et plein à craquer, les clients boivent, bavardent sans se soucier de ce qui peut arriver de pire dans un tel endroit. Près des casiers des brasseries disposés non loin de là, deux individus finissent de fumer leurs derniers mégots de cigarette.

Plus loin, deux véhicules se garent et les occupants prennent la direction de l’immeuble qui abrite les appartements. Tout porte à croire que personne ne s’inquiète du danger auquel ils sont exposés. Comment comprendre qu’une telle activité puisse se passer au vu et au su des autorités de la ville ? Africa Petroleum n’enfreint-il aucune loi ? Que disent les textes au sujet de l’installation d’une station-service ?

 

 

Le constat

En effet, sans aucune observation de distanciation conséquente de sécurité, la proximité avec les domiciles laisse songeur. Tout près, un petit coin de loisirs et de consommation d’alcool ou de ce qui en tient lieu attire les regards, tant il est constant que cet endroit draine des fumeurs qui ne s’embarrassent point de s’adonner à leur addiction sans peur. Le pire, est qu’Africa Petroleum intègre un hôtel où non loin de là est située la pompe et de l’autre côté de la route, une soudure. «Vous demandez si nous n’avons pas peur lorsque nous venons boire ici ? Hum la mort c’est partout. Bien que le danger des flammes est là, on n’a pas le choix », affirme un client de la buvette.

Tout comme lui, Antoine, avec une demi-cigarette en main, déclare que « la cigarette peut faire quoi de plus que les étincelles produits par la soudure tout près. Je m’éloigne pour fumer, je ne pense pas qu’étant ici au bar, je suis exposé », une déclaration qui montre à quel point certains n’ont plus peur de mourir de nos jours.

Ayant interrogé un pompiste de la station qui a requis l’anonymat, nous pouvons comprendre que certains citoyens pointent du doigt l’emplacement de la Station. « Plusieurs fois, des clients m’ont fait la remarque sur les activités que nous menons ici. Certains ont même demandé à rencontrer notre patron. Nous sommes obligés de travailler malgré la peur, car nous n’avons pas trouvé mieux ailleurs. A tout moment, la mort peut me trouver, si c’est par flamme, je ne pourrai rien y faire ».

Selon les occupants des habitations à proximité, « on redoute que le pire arrive un jour. Si ce n’était que la station, ça serait mieux. Mais avec une buvette et les autres risques sont grands. Nous avons peur de nous retrouver avec les mêmes dégâts de Nsam. Imaginez que j’envoie mon enfant acheter du pétrole là-bas ou de l’essence, et que sur les lieux un fumeur en train de boire de l’alcool ne se rend pas compte qu’il est dans une station d’essence. Il jette son mégot et l’irréparable se produit », voilà pourquoi je demande aux autorités de faire une descente.

Ce que dit la loi camerounaise

Il faut noter que le décret n° 2000/935/PM du 13 novembre 2000 fixe les conditions d’exercice des activités du secteur pétrolier en aval et ses modificatifs subséquents, notamment le décret n° 2008/0026/PM du 22 janvier 2008 modifiant et complétant les dispositions des articles 3,17, et 29 du décret 2000/935/PM, permettent de définir la procédure à suivre pour l’ouverture d’une station-service au Cameroun.

Le pays ne disposant pas de moyens suffisants d’intervention en cas d’incendie, il est important pour les stations de construire des murs coupe-feu d’une « hauteur appréciable » qui les séparent des maisons et autres activités environnantes. Aussi, des cuves double-enveloppes enfouies dans des fosses maçonnées, à bonne distance des pompes. En outre, ils doivent être équipés des détecteurs de fuite d’hydrocarbures.

Selon l’arrêté n° 01-97-MINMEE du 05 janvier 1998 fixant les modalités d’implantation des stations de distribution des produits pétroliers, il est précisé dans son article3, qu’une distance minimale de cinq cents (500) mètres, mesurable à partir des extrémités adjacentes, doit être observée entre deux (2) stations service. Une distance minimale mesurable doit être observée entre les stations services et les établissements, lieux publics, bâtiments administratifs et endroits stratégiques.

Elle est de 1000 mètres au minimum pour la Présidence de la République, les services du Premier Ministre, l’Assemblée nationale,le Sénat, les services du Gouverneur, les préfectures et les sous-préfectures. Des écrits que cette station semble ignorer.
Rappelons que l’administration autorise la construction et l’exploitation à l’issue de l’identification d’un site viable et propice à l’implantation. Ainsi, les équipes doivent s’atteler à l’obtention des autorisations, conditions de début des travaux.

Parmi celles-ci, on peut citer : le permis de bâtir délivré par l’autorité municipale compétente dans la localité ; le document attestant de la conformité environnementale délivré par le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable (MINEPDED) selon les dispositions de la loi n° 96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement ; une autorisation d’implantation du point de distribution obtenue du MINEE et délivrée à l’issue de plusieurs visites de conformité selon les dispositions de l’arrêté n° 01/98 MINMEE du 05 janvier 1998. Ce qui montre que si ces pièces ont été fournies, alors les autorités sont aux courants des activités menées par la Station Petroleum, qui n’est d’ailleurs pas cachée. Elle est en plein axe lourd et son immeuble brille au vu de tous.

 

 

L’entreprise

Africa Petroleum SA est une Société Anonyme avec conseil d’administration créée en juillet 2013, avec pour ambition d’exercer certaines activités du secteur pétrolier aval en commençant notamment par la distribution de l’ensemble des produits pétroliers. Ayant un capital social de 200 000 000FCFA, son siège social est établi à Bamenda dans le département du Mezam, région du Nord-Ouest Cameroun.

Ayant pour valeur la recherche permanente de l’excellence par une innovation continue ; la recherche active de la satisfaction des clients réseaux et consommateurs. Il n’est nulle part précisé le respect de l’environnement. Il serait important d’attirer l’attention sur l’implantation et les activités menées par elle.

 

By Joël Godjé Mana│ La Voix Des Décideurs

 

 

 

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