Planification du Pillage du Port de Kribi : Vincent Bolloré et Patrice Melom, main dans la main

Le puissant homme d’affaire français a trouvé en la personne du Directeur Général de cette infrastructure portuaire, un allié de taille pour priver la partie camerounaise  de la pleine jouissance de ses intérêts.

 

© La Voix Des Décideurs ] Moins d’un an après son éviction du Port de Douala, Bolloré est en phase de rééditer l’exploit de Douala du côté du Port en eau profonde de Kribi. Avec le soutien du top management visiblement passif, pour d’aucun a la solde du groupe français. L’on se souvient encore que c’est au terme d’une rude bataille en meute, comme semble le démontrer sa victoire à Kribi, obtenue après moult rebondissements, en 2015, que le consortium constitué par les groupes français Bolloré et Cma Cgm, puis le Chinois CHEC, a remporté le contrat de concession du terminal à conteneurs, pour une durée de 25 ans. L’offre proposée par le consortium Bolloré/CMA CGM/CHEC, selon nos informations, n’a jamais été rendu publique et devrait se situer autour de 623,47 millions d’euros.

La mainmise du géant français sur cette économie, ne fait donc plus l’ombre d’aucun doute. Entre le port de Kribi, Camrail, Socapalm, les médias via Canal Plus, la création des ports secs, le transport routier, tous les secteurs se trouvent ainsi contrôlés par cet industriel qui semble donc bien campé dans son pré carré francophone. Le Groupe a choisi d’être présent en Afrique depuis de nombreuses années et y consacre la majeure partie de ses investissements, sans doute. Sa filiale, Bolloré Africa Logistics, est le leader du transport et de la logistique en Afrique, où elle dispose d’un réseau sans équivalent avec 250 filiales et près de 23 000 collaborateurs dans 49 pays dont 47 en Afrique. Ce maillage exceptionnel lui permet d’offrir des solutions logistiques dédiées pour l’ensemble de ses clients.

Comment Bolloré contrôle-t-il le port de Kribi

La rédaction de La Voix des Décideurs s’est penchée sur le sujet depuis 2015, date a laquelle contre toute attente, en dépit de son offre peu satisfaisante pour la partie camerounaise, Bolloré décroche dans la douleur, cet autre contrat de concession du Port de Kribi. Devenant ainsi, la plaque tournante des terminaux a conteneurs de Douala et Kribi durant 4 longues années.

Nous avons été tour à tour au Ministère des transports, au Port de Kribi et l’Autorité Portuaire Nationale, ou la répo

nse hors micro fut toujours la même « c’est un dossier directement géré par la Présidence de la République. A cet effet, nous ne pouvons rien vous en dire dessus ». Dossier classé donc top secret pour les hommes de medias que nous sommes. Bolloré arrive donc aux berges de Kribi sur tapis rouge. Grâce notamment, à ses relations hautes placées et au trésor de guerre amassé par le groupe Rivaud, vestige capitalistique de la colonisation française dont il s’empare en 1997.

Une fois en territoire conquis, l’industriel français comme dans plusieurs pays où il a été accusé, use de pots de vin pour arroser et corrompre, la chaine de responsables intervenants dans le processus. Conséquence très souvent, des mésententes et autres désaccords observées dans les prises de décisions. Comme le confirme la série des échanges, de mails et correspondances partagée entre le Président du Conseil d’Administration du Port, le top management et l’administration du groupe Bolloré. Dans lesquels il ressort très clairement le non-respect du cahier de charge ainsi du règlement des échéances de redevances de concession.  Bien plus, les délais souvent trop élastiques, donnant lieu à des avenants largement au-dessus de l’enveloppe globale du contrat. Véritable préjudice pour les intérêts du Cameroun, qui à la fin se voient spoliés.

Une stratégie de contrôle mise à découvert

Une hégémonie certes visible de l’empire Bolloré qui s’étend sur une bonne partie de l’économie camerounaise et qui laisse plus d’un songeur. Avec encore a l’esprit, le récent feuilleton du séjour du géant Bolloré du côté du Port Autonome de Douala, ou le manque à gagner au terme des 15 années qu’a durée ce contrat de concession, se chiffre en centaine de milliards. « Vous êtes journaliste, allez demander à Bolloré de vous produire ses reçus de payement des impôts et taxes collectés qu’il était censé reverser dans les caisses de l’Etat. Lorsque vous êtes camerounais, vous avez mal de savoir ce que perd réellement le Cameroun, en termes de devise chaque jour», confie un ancien employé qui a requis l’anonymat.

 

En 2008, Necotrans remporte la concession du port de Conakry pour une durée de 25 ans. En 2011, le contrat est dénoncé par décret présidentiel et l’entreprise est chassée par l’armée, trois mois après l’élection d’Alpha Condé. S’ensuit une longue saga judiciaire devant les cours arbitrales (CCJA, Cirdi) et la justice française. En octobre 2013, le tribunal de commerce de Nanterre condamne le groupe Bolloré à verser 2,1 millions d’euros à Necotrans au titre des « investissements effectivement réalisés » et qui « ont bénéficié au nouveau concessionnaire », suite à une plainte de Necotrans.

En mai 2014, la CCJA (une instance de la Cour Arbitrale), condamne la Guinée à payer plus de 38 millions d’euros à Necotrans, avant que la décision ne soit finalement annulée sur un point de droit. En septembre 2016, le Cirdi (une autre instance de la Cours Arbitrale),  juge également irrégulière la résiliation par la Guinée de la concession accordée à Necotrans. En novembre 2016, Necotrans accepte de mettre un terme définitif à son différend avec son concurrent.

La mise en examen de Vincent Bolloré par les juges français le 25 avril 2018 pour des soupçons de « corruption d’agents étrangers dépositaires de l’autorité publique », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance » dans l’attribution à son groupe des concessions portuaires de Conakry et de Lomé, relance la controverse.

 

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