[Analyse ] Affaire Martinez Zogo au Cameroun : Et si Jean Pierre Amougou Belinga était innocent ?

[ Le renvoi pour la seconde fois au Secrétariat d’Etat à la Défense (SED) des principaux suspects, par le Commissaire du Gouvernement, pour complément d’enquêtes, donne à réfléchir. ]

 

 

 

La Voix Des Décideurs  – Les nombreuses contradictions lors des différentes confrontations et déclarations de la phase préliminaire, porte à croire que très peu de charges probantes pèsent sur le Président Directeur Général du groupe l’Anecdote, d’emblée, jugé coupable par le tribunal des réseaux sociaux. Il ciel sombre de la capitale camerounaise Yaoundé aux premières heures de ce vendredi matin, témoigne du climat qui règne en ce moment sur le pays.

Un climat sombre, plein d’insécurité et d’incertitude pour ces valeureux citoyens tétanisés par cette scabreuse affaire de l’assassinat de Martinez Zogo, devenue virale sur la toile. Ici au Tribunal Militaire où le Principal mis en cause et ses proches collaborateurs retournent à la case départ, pour complément d’enquêtes, a signifié le Commissaire du Gouvernement.

 

 

« Il faut oublier. On ne saura jamais la vérité. C’est mal connaître le Système que de s’attendre à avoir une quelconque justice pour Martinez Zogo. On s’en fout de lui ! Visiblement, le Système a voulu l’utiliser pour faire une purge en son sein. On voit en action les Services Secrets du pays ! Sauf que ceux que l’on a voulu déboulonner semblent résister. Le levier de la justice n’est aucunement actionné. C’est le politique qui agit jusqu’ici et c’est son agenda qui compte, » a laissé entendre Louis-Marie Kakdeu, Membre du Shadow Cabinet du Social Democratic Front, sur son compte Facebook.

Une affaire manipulée

Kakdeu évoque plusieurs raisons pour étayer son avis. Au rang desquelles un système manipulatoire, au sein d’une enquête commanditée et conduite de bout en bout par le pouvoir exécutif. Et où selon ses dires, rien ne semble visiblement avoir changé depuis le début l’enquête. Bien plus, trois semaines après l’ouverture du dossier, personne n’a la version officielle du gouvernement. Le Système laisse les avocats des différentes parties se battre en public, comme dans une arène pour distraire le peuple. Et les réseaux sociaux servent désormais un peu de tout, comme informations sur ce dossier hautement sensible.

 

 

Les contradictions dans les faits

Beaucoup ont encore dans leurs mémoires de cette première version abondamment relayée sur les réseaux sociaux, faisant état d’une voiture noire de marque ‘’ Prado’’ identifiée comme le véhicule utilisé par les présumés assassins de Martinez Zogo. Lequel véhicule appartiendrait à la société Rangers, attribuée à Jean Pierre Amougou Belinga.

L’on est vite passé dessus, pour ensuite inonder les réseaux sociaux, avec des supposés ou non témoignages du Directeur des Opérations de la DGRE, impliquant l’homme d’affaire comme étant complice du meurtre. Et que le sous-sol de l’immeuble Ekang aurait servi de lieu de torture de la  victime.

Le peuple a besoin du sang

La pression du peuple camerounais, de plusieurs organisations de la société civile, de la communauté internationale ont certainement impactés dans l’accélération de la procédure dans cette affaire que quelques médias internationaux ont tôt fait de qualifier de crime d’Etat.

Chacun allant donc désormais à sa guise et reprenant en chœur ce que les réseaux sociaux, les lanceurs d’alerte et autres journalistes ont tôt fait de faire connaître au public. En réclamant certes, justice pour Martinez Zogo, cependant en développant inconsciemment une haine viscérale contre l’homme d’affaire Jean Pierre Amougou Belinga, jugé sans appel coupable, dans les réseaux sociaux pour ce crime crapuleux.

 

 

Un questionnement persistant

A bien y regarder de près des questions tout de même demeurent au sein de la conscience collective. Pourquoi le Procureur de la République du Tribunal de Mfou n’a-t-il pas ouvert une enquête ? Et si enquête avait été ouverte, qu’est-elle devenue ? Pourquoi l’enquête commanditée par l’Exécutif est-elle conduite de bout en par l’Exécutif ?

Comment des médias étrangers ont-ils eu accès aux éléments d’une enquête ouverte par le Président de la République ? Qui fourni ces informations croisées aux lanceurs d’alertes et hommes de médias ? Autant d’interrogations qui ont guidé notre démarche et conduit nos reporters à retrouver ce fameux sous-sol de l’Immeuble Ekang que nous n’avons jamais vu de nos yeux.

 

 

Le Cameroun Etat de droit comme l’on a à si bien le rappeler, a besoin de voir son appareil judiciaire dire le droit dans une affaire ou le peuple à soif de justice. Et les compétences pour mener à bien cette mission, ne souffrent d’aucun problème, bien au contraire.

32 jours après l’ouverture de l’enquête, aucun lien de causalité avec les principaux désignés coupables n’a pu réellement été établi. Au point où le Commissaire du Gouvernement soit contraint aux encablures de 2h du matin ce 24 février, de renvoyer à nouveau les suspects au Secrétariat d’Etat à la Défense, pour besoin d’enquêtes. En clair, l’élément matériel, intentionnel et le fait n’ont pu être apporté au Tribunal. Et si Jean Pierre Amougou Belinga était non coupable ?

 

© La Voix Des Décideurs  –  Thierry Eba