Affaire William Sollo : Le rétropédalage judiciaire ?

 Incarcéré à la Prison centrale de Yaoundé-Kondengui depuis le mois de mars 2018, l’ancien Directeur Général de la Camwater Jean William Sollo clame son innocence et dit être victime d’un acharnement judiciaire.

 

Nommé en 2012 Directeur Général de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), Jean William Sollo est mis en cause en 2016 dans une affaire de détournement des derniers publics. L’ex-Directeur général (DG) de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater) est en jugement depuis 2019 pour complicité de détournement de la somme de 156 millions de francs relative au paiement de quatre marchés qualifiés de fictifs par accusation.

Outre la présente affaire, il est également visé devant le TCS d’après certaines indiscrétions par une autre affaire de détournement présumé de la somme 125 millions de francs de prestations prétendues non-livrée.

En effet, il s’agit ici d’une activité d’assistance à maître d’œuvre c’est-à-dire aide au contrôle et à la conformité des travaux, datant de la période de gestion de son prédécesseur à la Camwater Basile Atangana Kouna. Mais la facture avait été réglée par le nouveau DG en la personne de William Sollo après visa de conformité des services techniques et financiers de Camwater.

 

La pomme de discorde

Les faits de cette accusation remontent à 2013. En effet, à l’occasion de la cérémonie de la pose de la première pierre du barrage de Mekim présidé par le président de la République son excellence Paul BIYA, la Camwater avait été saisie dans le cadre de la fourniture de l’eau potable aux populations durant la cérémonie.

Au regard de cet impératif, le DG de la Camwater devait urgemment trouver une entreprise capable de livrer dans un court délai une unité mobile de potabilisation de l’eau et des réservoirs de stockage d’eau. M. Sollo avait ainsi dépêché une équipe auprès de l’entreprise française LMS S.A, leader mondial dans la fabrication et la commercialisation du matériel hydraulique. Pour confirmer les commandes, son client avait signé des « pré-lettres » commandes, qu’il avait par la suite régularisées auprès de la Commission de passation des marchés de la Camwater.

D’après les témoins de l’entreprise partie du procès, le matériel commandé avait été livré et réceptionné par une commission de la Camwater. Seulement, l’avance de démarrage d’un montant de près de 41 millions de francs versée au prestataire de service n’avait pas été retenue lors du règlement définitif des factures.

 

Des accusations fallacieuses de détournement des deniers publics ?

Pendant le procès de M. Sollo, il a été démontré par les réquisitions contenues dans le pourvoi de Mr. Beta juge d’instruction dans cette affaire que : les marchés passés par la Camwater au bénéfice de LMS S.A ont été effectivement livrés ; qu’ils représentaient cumulé un montant de 115 millions et non 220 millions ; et  les 40 millions non retenus par la Camwater au moment du paiement de la facture final de LMS ne sont pas sorties des caisses de l’entreprise pour se retrouver dans les mains ou les comptes de tiers. D’après l’avocat de William Sollo, Me Esomba Tsoungui, “aucun des éléments constitutifs d’un détournement de deniers publics ne peut être appliquée à la présente opération purement commerciale. Dont les accusations de détournement des derniers publics n’ont pas raison d’être évoqué”.

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En effet, ayant constaté que LMS avait été payé en trop grâce aux travaux de circularisassions de fin d’exercice comme le prévoit les procédures en comptabilité privée et analytiques, les services compétents de la Camwater ont immédiatement saisi l’entreprise de cette situation et l’ont placé en compte puisque ce partenaire était en affaire avec la Camwater.

Pour y remédier, les paiements qui ont suivi ont immédiatement commencé à retenir par partie les 40 millions de trop perçus. D’après des sources anonymes, au moment où William Sollo quittait la Camwater, LMS n’était plus redevable que de 20 millions. Mais lorsque l’affaire est déclenchée en 2016, ce prestataire avait rétrocédé les 40 millions au Trésor public camerounais la somme en cause. Ce qui revient à dire que c’est la Camwater qui lui est redevable de 20 millions de francs Cfa.

Le Paiement de la somme de 116 millions par la Camwater sans contrepartie au bénéfice de la société LMS Sarl. Il a été démontré preuves à l’appui que les quatre marchés incriminés ont été régulièrement passés en urgence compte tenu des impératifs de l’heure concernant des activités républicaines du chef de l’état.

Ces marchés ont bien été livrés conformément aux prescriptions du cahier des charges. La non retenue de 40 millions des avances de démarrages lors du paiement de la facture définitive a été détectée et rattrapée par le reversement de cette somme au trésor public par la société bénéficiaire du trop-perçu. Il n’y a manifestement pas ici non plus de détournements de deniers publics.

 

Condamnation à tout prix ?

Jean Williams Sollo avait été placé en mandat de dépôt suite à une dénonciation de l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF) qui subodorait un détournement de deniers publics résultants de l’existence de marchés fictifs à la Camwater.

Au cours de l’instruction présidée par le juge Betea et en présence de l’avocat général. Et devant les preuves formelles de livraisons fournies par le prestataire et les procès-verbaux de livraisons présentés par la défense et confirmés par les représentants de la Camwater. Le juge d’instruction a requalifié l’accusation en tentative de détournement de 156 297 891 FCA aux motifs que les procédures de passation de ces marchés n’avaient pas été respectées et qu’une avance de démarrage de 40 millions n’avait pas été retenue au moment du paiement définitif des marchés.

Malgré le versement de la somme querellée au trésor public, et les preuves de début de remboursement du prestataire à la Camwater, le juge d’instruction a délivré aux accusés un renvoi devant le tribunal.

C’est à la barre, les réquisitions intermédiaires que l’avocat général reprend l’accusation de départ à savoir détournement de deniers publics aux motifs et paiement sans contrepartie de la somme de 156 millions F Cfa.

Côté de la défense, l’on est en droit de se demander si le même tribunal avec les acteurs se met en contradiction sur le même sujet. Notons que Jean William Sollo est détenu à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui depuis le mois de mars 2018.

Au-delà des éléments prouvant l’innocence de l’ex-DG de la Camwater preuve à l’appui, la requalification de l’accusation par le juge d’instruction en tentative de détournement, ce dernier est toujours derrière les geôles.

Les questions que l’on se pose dès lors sont les suivantes : pourquoi ce rétropédalage judiciaire ? Y-a-t-il des instructions exigeant absolument la condamnation de M. Jean William Sollo ? La Justice camerounaise va-t-elle prendre en compte les preuves  qui sont favorables à sa libération ?

 

© La Voix Des Décideurs [ Contact : lavoixdesdecideurs@gmail.com]

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