Est Cameroun – Travail dans les mines : la ruée vers l’or qui détourne les mineurs à Bétaré Oya

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Est Cameroun – Travail dans les mines : la ruée vers l’or qui détourne les mineurs à Bétaré Oya

Les enfants dans la localité de Bétaré Oya risquent leur vie dans les mines plus que de poursuivre leurs études. Une situation du travail dans les mines qui met en mal l’ODD4 et l’ODD15 en particulier à l’Est Cameroun.

 

 

Bétaré Oya dans la région de l’Est Cameroun regorge de nombreuses mines d’or. Ce qui lui vaut la dénomination de « la vallée de l’or ». Dans cet eldorado, pour les populations du coin, les mineurs ne sont pas que des majeurs.

Selon la Société Nationale des Mines (Sonamines), l’on recense en 2022 plus de 800 enfants dans les sites miniers à l’Est Cameroun. En cette année 2023, selon des données reccueillies sur le terrain, ils sont désormais environ 3000 enfants dans les mines. Phillipe, 16 ans et nombreux autres mineurs de 6 à 17 ans de Bétaré Oya en font partie. Eux qui aux côtés de leurs parents s’activent à la recherche de l’or au quotidien au campement Ndongo (Bétaré Oya).

 

 

Au cœur du campement de mineurs

Ndongo, campement d’orpailleurs, à environ une dizaine de kilomètres de Bétaré Oya centre, région de l’Est. Après une matinée pluvieuse, l’après midi affiche un temps plus radieux. Pour y arriver, il faut traverser les villages Longan, Mali et Salao.
Le campement que l’équipe du Cameroon UN Press Club vient d’atteindre par moto, dégage une forte activité humaine. Autour d’habitations de fortune, des groupes d’orpailleurs discutent, jouent à des jeux de société divers. Des femmes s’affairent au ménage et à la cuisine, des colonies d’enfants autour d’elles pour les assister.
Un tour éclair dans cet environnement peu commun, révèle des commerces qui prospèrent à tous égards. Mais, pas d’or en présence.

Décor minier derrière les cases

Le fixeur qui nous conduit, indique une piste entre les logis de fortune. Derrière les maisons, le décor qui se dévoile, présente des piscines de lavage de la potentielle terre aurifère. D’énormes cratères se découvrent pêle-mêle, laissant à perte de vue, un paysage apocalyptique. Des femmes et des enfants rentrent chargés de sacs de terre.
A quelques encablures du campement, la scène se précise davantage. Au-delà des cratères qui sont déjà un risque, dans des tunnels se déploient des orpailleurs dont des enfants. Ces mineurs s’introduisent dans ces tunnels dont la maîtrise des profondeurs ne semble pas de la compétence de ces orpailleurs.

 

 

La mine au détriment de l’école

A la suite de leurs parents, les mineurs désertent le plus souvent les salles de classe pour rechercher l’or. Les regrets sur le plan de l’éducation se font ainsi perceptibles au sein de l’opinion. « C’est triste qu’au lieu d’aller à l’école, nos enfants ailles dans les chantiers », souligne Dagobert Dodo, riverain.
Recherche du gain facile pour certains, contingences financières familiales pour d’autres.
Ce d’autant plus que l’amplification de la situation, les populations l’imputent aux exploitants chinois qu’ils jugent mauvais opérateurs de la RSE. « C’est vrai que l’école c’est la vie, mais que voulez-vous que les parents fassent ? Les gens n’arrivent même plus à faire des champs à cause des trous creusés partout par les Chinois. Les populations préfèrent désormais aller creuser elles-mêmes, et espérer avoir un petit quelque chose pour vivre », précise Dagobert Dodo.
Cette réalité entraine vraisemblablement la déperdition scolaire voire la prostitution qui croît.

Une addiction qui freine les ODD

Les carrières de sable, tout comme les mines d’or, entraînent également la désertion des salles de classes à Bétaré Oya. Même l’organisation des éditions 2021 et 2022 de l’opération « zéro enfant dans la mine » passe à la trappe.
Le constat du Cameroon UN Press Club est donc celui d’une addiction aux ressources minières qui va croissant à Bétaré-Oya.
Par conséquent, l’attrait pour les mines et les carrières affecte l’ODD4. Une éducation de qualité inclusive et équitable et la promotion des opportunités d’apprentissage pour tous, sont ainsi en péril.
Idem pour l’ODD15. Celui-ci repose sur la protection, la restauration et la promotion de l’utilisation durable des écosystèmes terrestres. Mais aussi, de la gestion durable des forêts et la lutte contre la désertification. Cet objectif vise aussi à stopper et inverser la dégradation des terres et la perte de la biodiversité.

La Voix Des Décideurs  – Eric Martial NDJOMO E.

 

 

 

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